Il s’agit d’une version actualisée d’un article publié dans le National Post en mars 2023.
Par David Steele, Ph.D., président, Earthsave Canada et Renaud Gignac, LL.B., M.Sc., économiste et porte-parole, Coalition pour une transition alimentaire durable
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La situation est désastreuse. Les recherches montrent que notre impact sur la biosphère planétaire est extrêmement néfaste. Et cela est principalement dû à ce que nous mettons dans nos assiettes. La bonne nouvelle, c’est que nous avons le pouvoir de changer cela.
Alors que nous n’obtenons, au niveau mondial, qu’environ 18 % de nos calories proviennent de produits animaux, 78 % de la surface agricole mondiale est utilisée pour élever et nourrir les animaux d’élevage. C’est la moitié des terres habitables de la planète qui sont utilisées pour fournir seulement une petite partie de la nourriture que nous mangeons. Et l’impact sur la biodiversité est énorme.
A article récent publié par le Forum économique mondial résume bien la situation. “L’agriculture menace la faune et la flore sauvages et les remplace par du bétail.
Le résultat est choquant.
Nous nous sommes approprié une énorme fraction des ressources de cette planète, au détriment du reste de la vie qui s’y trouve. Et, malheureusement, la situation ne fait qu’empirer. En effet, un étude fondamentale publiée en 2018 a montré avec force à quel point nous avons déjà remodelé la biosphère :
96 % de la biomasse mammifère sur Terre est aujourd’hui composée d’humains et d’animaux d’élevage ; 70 % de la biomasse aviaire est constituée d’oiseaux d’élevage.
Une Une analyse antérieure de Vaclav Smil, de l’université du Manitoba, a montré essentiellement la même chose.
Selon la plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques ou IPBES (l’équivalent du GIEC pour la biodiversité), nous défrichons les terres à un rythme accéléré, principalement pour nourrir le bétail.
Comme l’a montré Marco Springmann, expert en climatologie d’Oxford, il est mathématiquement impossible de respecter notre budget carbone mondial si les tendances actuelles en matière de consommation de viande et de produits laitiers se poursuivent.
Que pouvons-nous faire ?
Le GIECle PNUE et l IPBES ont tous affirmé que nous devons évoluer rapidement vers des régimes alimentaires beaucoup plus centrés sur les aliments d’origine végétale. Si nous y parvenons, les avantages seront énormes. Comme la consommation directe de végétaux nécessite beaucoup moins de terres que la consommation d’animaux, nous pourrions rendre de vastes étendues de terre à la naturetout en tout en augmentant considérablement notre capacité à nourrir le monde. Les avantages pour la biodiversité seraient extraordinaires.
En tant qu’étude étude 2020 Selon une étude publiée dans la prestigieuse revue scientifique Nature, le retour à l’état sauvage de seulement 15 % des terres actuellement utilisées pour l’agriculture permettrait d’éviter 60 % des extinctions au cours des prochaines décennies. Si nous rendions 30 % des terres à l’état sauvage, 70 % des espèces en danger pourraient être sauvées.
Et, bonus très important, nous créerions également les conditions pour séquestrer environ 30 % du dioxyde de carbone accumulé dans l’atmosphère depuis le début de la révolution industrielle.
Il y a de l’espoir
Il y a de vraies raisons d’être optimiste. Nous pouvons sortir de la voie destructrice dans laquelle nous nous sommes engagés en changeant collectivement notre mode d’alimentation. Pourquoi ne pas consulter la multitude de recettes à base de plantes disponibles en ligne ? Et n’oubliez pas de faire savoir à vos représentants politiques qu’il est nécessaire de s’attaquer rapidement à ce problème. Les traditions culturelles sont fortes, notamment en matière d’alimentation, mais l’histoire a montré à maintes reprises que les sociétés humaines sont capables de relever de nouveaux défis et de modifier des pratiques durables pour le bien commun. Nous pouvons et devons faire la différence. L’avenir est entre nos mains.
A propos de Renaud Gignac
Renaud est un expert en politique climatique avec une formation d’économiste et d’avocat. Il a occupé divers postes au ministère de l’Environnement et du Changement climatique du Québec, à l’Institut canadien du climat, dans le secteur privé et à but non lucratif, ainsi que dans le milieu universitaire. Il est cofondateur de la Coalition pour une transition alimentaire durable.
À propos de David Steele
David est un biologiste moléculaire qui a pris sa retraite en 2013 de la faculté de médecine de l’université de Colombie-Britannique. Il a également occupé des postes de professeur aux universités Cornell et Queen’s. M. Steele donne souvent des conférences et contribue régulièrement aux publications d’Earthsave Canada. Il collabore également à l’occasion à diverses autres publications.